Véronique Kirchhoffer, cadre supérieur des Urgences et cadre du pôle Copt (Coordination hospitalière des dons dorganes et de tissus) : « La violence. Cest vraiment la violence de cette épidémie qui ma marquée. Et en parallèle, la mobilisation de tout lhôpital et par-delà. Tout le monde sest démultiplié pour faire face à un virus quon ne connaissait pas et quon ne savait pas comment traiter. Dailleurs aujourdhui encore les questions sont nombreuses autour du coronavirus. »
Régine Starck, aide-soignante dans le service de chirurgie d’Altkirch transformé en unité Covid : « On va s’en souvenir à vie de cette affluence de personnes arrivées dans nos services et dont l’état s’est parfois dégradé très rapidement. C’est quelque chose que je n’avais jamais vu. »
Frédéric Weiss, infirmier à la Maison médicale pour personnes âgées : « Cette crise nous est tombée dessus comme ça, dun coup. Ça nous a vraiment sonnés. On est habitué à donner les soins de la vie quotidienne (les repas, les toilettes, etc.) et là, à un moment, on était plus dans des soins daccompagnement de fin de vie. Heureusement quon a rapidement eu des renforts extérieurs et des étudiants pour faire face à cela. »
Flora Jullian, interne en chirurgie, volontaire aux urgences et à la régulation au Samu : « Le premier week-end, du 7-8 mars, a été catastrophique. Cest là que jai eu le sentiment de basculer dans une situation extrême. À ce moment-là, on a clairement réfléchi au bon usage des matériels de réanimation.»
Guillaume Barberet, anesthésiste réanimateur : « Jai été marqué par la capacité de tous à se dépasser et à sortir de leur zone de confort. Tout le monde les aides-soignants et les infirmiers de bloc opératoire, qui ne font pas forcément de la réa de base a su vaincre ses craintes pour faire de la réa dans des locaux (des blocs opératoires) qui ny sont pas dédiés à la base. »
Marc Noizet, médecin chef du service des urgences et du Samu : « Je retiens cette capacité qu’a eue l’établissement de réussir dans le combat collectif. C’est ça qui nous a permis de passer les moments les plus difficiles, c’est parce que tout le monde s’y est mis. Si on doit avoir une fierté, c’est celle-là : la réussite d’un système complet. »
Joy Mootien, médecin réanimateur et infectiologue, responsable de lunité fonctionnelle de conseil en antibiothérapie : « Lexemplarité de lensemble des personnels hospitaliers a été remarquable durant cette période. Toutes les cloisons qui peuvent exister dans un hôpital sont tombées. Souvent on parle de ce qui ne va pas, là on a vu ce quun hôpital est capable de faire : lentre-aide, toutes ces valeurs humaines très importantes qui sont remontées et dont jespère quelles vont durer longtemps. Je veux aussi dire quon nest pas des héros. On est des médecins, des soignants, on a juste fait notre job. En fait, cest juste la signification de notre métier. »
Myledine Beha, infirmière dans le service de médecine interne transformé en unité Covid : « Le pire pour moi a été le fait que ce nétait plus les brancardiers qui venaient chercher les corps pour les amener au service mortuaire, mais cest nous qui les mettions dans des housses. Et puis, jai aussi été marqué par le nombre de patients qui narrivaient plus à respirer, qui sétouffaient. »
Odile Theissen-Laval, anesthésiste réanimateur, chef du pôle Ambre (Anesthésie ambulatoire, bloc opératoire, réanimation chirurgicale) : « Je garde en mémoire une équipe formidable, dune grande solidarité. On a dabord été submergé par une vague. On sest rendu compte très vite que les lits de réa ne suffiraient pas et quil faudrait trouver des solutions. Alors on a créé des lits en salles de réveil, puis à lintérieur des salles opératoires, cétait vraiment un truc dingue. Et grâce à la solidarité de tous on a pu faire de la réa de qualité. »
Nathalie Van Ee, responsable du magasin alimentaire : « Je retiens particulièrement ce tsunami de générosité, tous ces dons alimentaires qui ont généré une activité débordante pour notre service de restauration et nous ont fait tellement chaud au cur. »
Aurélie Fuchs, infirmière de réanimation. Elle s’est portée volontaire pour venir aider dans le service de réanimation chirurgicale dans lequel elle a commencé en sortant de l’école d’infirmière : « Le Covid dépasse tous les codes. On tolère des résultats biologiques qui pour un Covid ne sont pas mauvais alors qu’en temps normal, même en réanimation, ils seraient catastrophiques. »
Michel Brungard, cadre du pôle Ambre (Anesthésie ambulatoire, bloc opératoire, réanimation chirurgicale) : « Je retiens dabord limmense capacité dadaptation des personnels qui ont su transformer un bloc opératoire en unité Covid. Et je retiens aussi limmense solidarité face à lhorreur, la mobilisation commune des soignants des hôpitaux et des cliniques. »
Cécile Schnell, médecin en gériatrie : « Ces semaines ont été une succession de challenges sur le plan médical, physique pour tenir la distance, et sur le plan humain et moral. Tous ces challenges ont été relevés par tout lhôpital, au sein de tous les services. »
Alex Sery, faisant fonction de cadre aux urgences à Saint-Louis et cadre de santé au Samu à Mulhouse : « Pour le moment, je ne peux pas dire ce que je retiens de ces semaines parce que je suis encore trop dedans. Même si la crise sest un petit peu atténuée et quon voit moins de monde, on arrive à peine à sortir la tête de leau. »
Mathilde Bernuzzi, responsable dapprovisionnement à la blanchisserie : « Au début de la crise, ça a été lexplosion et très difficile à gérer, mais on a réussi à mettre en place des systèmes pour que les masques notamment soient bien approvisionnés. Il faut se rendre compte que, chaque jour, 17 500 masques ont été utilisés durant ces semaines. Habituellement, on en consomme 20 000 par mois. »
Jérémie Contamin, chef du service sécurité et sûreté : « Toute notre équipe a été éprouvée. Dabord parce que plusieurs dentre nous ont été malades. Et aussi parce que, comme tout le monde, il a fallu sadapter tous les jours, remettre en question tout ce quon avait lhabitude de faire pour continuer à assurer la sécurité et la sureté du site dans cette période où les risques ont été démultipliés. »
Pierrette Ziegler, agent du service mortuaire : « Humainement, il y a eu des moments très durs. Parce quon ne pouvait plus soccuper des défunts comme en temps ordinaire. Et puis il y a aussi eu des très beaux moments. Dans notre équipe on est très soudé en temps normal, mais là, la solidarité quon a vu dans tout lhôpital, le soutien de nos cadres tout ça nous a vraiment permis de tenir. »
Frédéric Gauthier, responsable de production à la cuisine centrale de Mulhouse : « Durant ces semaines je navais quune idée en tête : faire que tous ceux qui étaient au front, soignants et militaires, travaillent le ventre plein et ne manquent de rien. »
Abdelkarim Lameche, responsable du service biomédical et coordonnateur des achats des dispositifs médicaux : « Ça a été des semaines très compliquées où il a fallu batailler pour trouver les matériels adéquats (respirateurs, perfusion, appareil de monitorage, etc.) pour équiper les quelque 500 lits Covid ouverts au sein de l’établissement, dont une cinquantaine de réanimation. On a puisé dans nos stocks, on a fait des achats et on a pu bénéficier de prêts et de dons. »
Christian Meyer, médecin, chef du service de réanimation chirurgicale : « Il y a beaucoup de choses qui mont marqué. Dabord la difficulté inattendue de lépidémie et lafflux et lévolution surprenante des patients admis. Au départ on parlait de grippe et la grande surprise a été de se retrouver en terrain totalement inconnu. On a dû mettre entre parenthèse ce que lon connaissait pour sadapter, comprendre les patients, revoir les traitements Et puis, sur le plan humain, la solidarité incroyable qui sest très rapidement développée entre les personnels a été quelque chose dassez exceptionnel. Cest le côté positif de cette épidémie. Aujourdhui, notre nouveau défi cest darriver à sortir de réa les patients les plus gravement touchés. Et après il faudra aussi gérer le difficile retour à la vie normale. »
Laurence Schoenauer, agent de service hospitalier à l’Ehpad Saint-Sébastien à Rixheim : « Durant cette période, j’ai vu partir des résidents que je connais depuis des années. On est sept heures par jour avec eux, finalement c’est plus qu’avec notre famille. Et on a beau être professionnel, il y a un attachement qui se crée. Alors, moralement, c’est très dur. »
Jacques Weissenberger, responsable de la restauration du personnel : « Je noublierai jamais les regards désemparés des personnels au plus fort de la crise. Aujourdhui, on commence à voir les yeux qui sourient de nouveau. Et ça, ça na pas de prix. »
Catherine Roth, cadre supérieur de santé en hygiène hospitalière : « L’hygiène des mains, le port du masque, l’hygiène respiratoire et la gestion de l’environnement sont au cœur du métier d’hygiéniste. Tous ces gestes se sont révélés, pour chacun, comme une arme essentielle dans la prévention de la transmission du coronavirus. »
Laure Baldenweck, cadre de santé du pôle médico-chirurgical à lhôpital d'Altkirch : « Ce que je retiens cest cet investissement, ce soutien, cette solidarité de tout le monde, ici à lhôpital, à tous les niveaux, mais aussi à lextérieur. Et je retiens aussi une pression énorme. Je suis venue aider au service mortuaire. On a fait beaucoup de pédagogie et daccompagnement avec les familles. Ça a été beaucoup de souffrances et de douleurs pour elles et pour nous. »
Patrice Belloy, cadre de santé à la direction des ressources humaines : « De mon côté, je me suis occupé des renforts extérieurs (près de 300 personnels) venus prêter main forte. Et ce que je retiens, cest la mobilisation générale prolongée pour faire bloc et faire face à cette crise sans précédent. Soignants, personnels techniques et administratifs, personne ne sest posé de question. On était là et on y est allé. »
Laura Lévy, étudiante en 1ère année à lInstitut de formation en soins infirmiers, réquisitionnée pour aider au brancardage aux urgences Covid : « Au début, ça a été vraiment difficile et épuisant. Mais cette expérience est aussi très enrichissante sur le plan technique et sur le plan humain par rapport au relationnel avec les patients. »
Maria Vanulli, responsable de la production à la blanchisserie : « Au départ ça a été un choc. Personne naurait pensé que les choses seraient dune telle violence. Chaque jour, avec laide de personnels de lhôpital, nous avons traité une demi-tonne de linge en plus (8,5 tonnes au total) afin de pouvoir, notamment, équiper les soignants et militaires de lEMR (élément médical de réanimation) en tenues propres. »
Jean-Luc Ringenbach, responsable du service restauration : « Ce qui ma marqué cest tout simplement cet élan de générosité et de solidarité inimaginable, ces dizaines de milliers de dons venus de boulangers, restaurateurs, grandes-surfaces, particuliers »
Patrice Roellinger, photographe au service communication : « Personnellement, je vois les choses à travers mon objectif, cest comme si jétais dans le rôle du spectateur, ce qui me permet dêtre un peu en retrait. Nempêche, ce qui ma vraiment marqué cest ce virus en lui-même, qui pose un tas de questions et remets en cause nos certitudes. Et puis jai aussi été marqué par ce qui sest passé au sein de lhôpital, les rapprochements qui se sont opérés entre tous les services et tous les personnels, internes et externes. Tout le monde était ensemble. »
Fatou Likaka, aide-soignante dans le service de médecine interne transformé en unité Covid : « Ce qui m’a le plus marqué, c’est le nombre de décès qu’on a eu dans la deuxième quinzaine du mois de mars. Je travaille à l’hôpital depuis 2010 et je n’avais jamais vu autant de décès en si peu de temps. On était complètement démunis face à cette situation. »
Marie-Thérèse Ackermann, agent de service hospitalier à l’Ehpad Jules Scheurer à Bitschwiller-lès-Thann : « Ça a été une période très difficile où il a souvent fallu changer notre façon de travailler. Ça a aussi été un moment où l’entraide a été très importante, cette union a été essentielle pour tenir. Et puis, ça a aussi été un moment où tout le monde s’est rendu compte combien le système de santé était précieux. »
Olivier Hinschberger, médecin chef du service de médecine interne : « Je retiens que lhôpital a fait face. Sil ny avait que deux mots, ce serait cela : faire face. Et tous les soignants ont été admirables. »
Alissa, infirmière de réanimation. Elle a été parmi les premiers volontaires de la réserve sanitaire déployés à l’hôpital : « J’ai vu énormément de belles choses en neuf ans de carrière, mais une solidarité à ce point, jamais. Je trouve ça ma-gni-fi-que. Et j’aimerais bien que ça perdure. » « Le Covid dépasse tous les codes. On tolère des résultats biologiques qui pour un Covid ne sont pas mauvais alors qu’en temps normal, même en réanimation, ils seraient catastrophiques. »
Julie Koegler, secrétaire médicale, venue prêter main-forte à la régulation au Samu et à l’accueil du service des urgences : « La capacité de tout l’hôpital à se serrer les coudes pendant cette période a été incroyable. »
Pierre Fuchs, médecin généraliste retraité, engagé avec la réserve sanitaire à la Maison médicale pour personnes âgées : « C’est quelque chose que je n’aurais pas trop imaginé. C’est vrai que ça fait un peu science-fiction. »
Camille Henri, technicienne de laboratoire spécialisée en virologie : « Ce qui ma marqué, cest la violence de ce virus qui nous est tombé dessus dun coup et a cassé notre routine. Je me rappelle très bien ma première garde. Cest ce jour-là quont été confirmés les sept premiers cas mulhousiens. Après, il a fallu tout réorganiser dans lurgence pour gérer la crise. La charge de travail était incroyable. Cétait 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Aujourdhui, on analyse encore chaque jour quelque 60 à 70 prélèvements Covid. »
Mathilde Tresch Neumann, étudiante en troisième année à l’Institut de formation en soins infirmiers, mobilisée en tant qu’aide-soignante : « En ce moment, je n’ai plus vraiment ma blouse d’étudiante, mais ma blouse de soignante. Il y a une solidarité incroyable entre nous, entre personnes du service et au-delà. On se sent à notre place. On voit qu’on est là pour quelque chose. »
Laetitia Sifferlen, 38 ans, manipulatrice radio au pôle radiologie, à lhôpital Emile-Muller à Mulhouse. "C'était surréaliste, je ne pensais jamais vivre une telle crise sanitaire."
Pascale Adelbrecht, 59 ans, assistante sociale au sein du pôle de gériatrie, à lhôpital Emile-Muller à Mulhouse. "On a joué un rôle de sas. On avait les portes de nos bureaux ouverts et on a reçu des personnels en souffrance tous les jours. "On est en pleine guerre" nous a dit un médecin."
Audrey Hanss, 32 ans, préparatrice en pharmacie à la pharmacie hospitalière du GHRMSA. "La pharmacie a explosé de partout : médicaments de réa, bouteilles d'oxygène, on n'en avait jamais utilisés autant en si peu de temps."
Corinne Krencker, directrice du Groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud Alsace : « Tellement de choses mont marquée. Une solidarité et un professionnalisme sans faille des équipes sur tous les sites, depuis le début. Chacun à sa place, tout le monde sy est mis, sest mobilisé immédiatement, sans se poser de question, pour apporter ses compétences, ses bras, ses jambes, sa tête pour combattre cet ennemi, cette maladie inédite, dune violence inouïe, quon ne voit pas, quon ne connaît pas. Cest quelque chose de beau et cest la fierté que jai, cette image de lhôpital humain quon avait peut-être oubliée. Parce que dans cette période difficile, il y a eu une grande humanité. »